L’article présente une synthèse des résultats obtenus par le Centre Vétérinaire de la Faune Sauvage et des Écosystèmes (CVFSE, Nantes, France) au cours de ses inventaires d’abeilles entre 2014 et 2018 sur 84 sites répartis dans 43 communes des Pays de la Loire. Les milieux prospectés étaient très divers : milieux urbains, zones agricoles, espaces naturels prairiaux, forestiers ou littoraux. Cette étude a permis d’approfondir les connaissances sur la distribution de 278 espèces d’abeilles, parmi lesquelles plusieurs étaient jusqu’alors inconnues du Massif armoricain. Elle a mis en évidence la richesse des milieux naturels, en particulier les habitats littoraux dunaires, mais aussi l’intérêt de certaines zones urbaines ou péri-urbaines, pour peu que la gestion des espaces soit compatible avec la présence des abeilles.
De nombreuses captures effectuées dans le cadre d’études diverses qui ne visaient pas les abeilles n’ont jamais été valorisées. Des culots de piégeages, en priorité de lots provenant de secteurs très mal connus de la Région (notamment des départements de la Sarthe, de la Mayenne et de la Vendée), ont donc été exploités pour avancer dans la connaissance du patrimoine régional. 1700 abeilles provenant de la Région ont été retriées, préparées et identifiées dans le cadre de cette mission. Ces données concernent 242 taxons, presque tous au rang d’espèce. Plusieurs taxons ne sont pas communs, apparaissent menacés ou présentent des exigences écologiques ou biologiques précises.
Cumulée a une synthèse de données historiques, l'enquête ayant permis d’identifier 10263 bourdons, a synthétisé 5150 données échelonnées de 1897 à 2015, sur plus d’un tiers des communes bas-normandes. La Basse-Normandie est ainsi l’une des régions françaises disposant d’une des meilleures couvertures de prospection.
Ce résultat est à mettre en lien avec le formidable réseau d’observateurs motives qui ont arpenté les communes bas-normandes durant 3 années. 57 naturalistes se sont ainsi ajoutés durant l’enquête aux 38 observateurs historiques, démontrant qu’une démarche de science participative pouvait également s’appliquer à des groupes aussi complexes que les bourdons. 22 espèces font l’objet d’observations postérieures à 2000, 3 auraient disparu sur la seconde moitié du 20e siècle.
Les landes, le littoral, les pelouses calcicoles et les zones humides ressortent comme accueillant les cortèges les plus diversifies et les plus originaux. Le rôle de ces dernières dans la conservation des espèces les plus rares est largement souligné.
L’élaboration d’une liste d’espèces déterminantes pour les ZNIEFF de Basse-Normandie, réalisée en 2015, permettra de mieux prendre en compte les invertébrés dans le choix des sites bénéficiant de ce statut, et de mieux protéger les habitats préférentiels des bourdons.
SAGOT P. & MOUQUET C., 2016. – Contribution a la connaissance des bourdons de Basse-Normandie : synthèse de trois années d’enquête. Rapport GRETIA pour l’Agence de l’eau Seine-Normandie, la région Normandie, les Départements du Calvados, de la Manche et de l’Orne, et le Parc naturel régional des Marais du Cotentin et du Bessin. 50 p.
La faune de Basse-Normandie compte à ce jour 208 espèces de syrphes. Plus d’un tiers des espèces (81) sont rares (RR) dans l’état actuel des connaissances et parmi elles, 36 espèces représentent un enjeu majeur de conservation, du fait d’un statut inquiétant tant au niveau régional que national ou européen. 25 autres espèces potentiellement menacées sont également à suivre de près, elles pourraient être intégrées à la « liste à enjeu » suivant l’évolution des connaissances régionales et nationales ces prochaines années.
GRETIA, 2012. – Les Diptères Syrphidae de Basse-Normandie. Actualisation des listes départementales. Espèces à enjeu de conservation prioritaires. 64 p.
Rapport d'étude par M.Aubert, 2018